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Le blog de sanctuaryofajran

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Ceci est un blog ou je publierais des fan fiction CCS, mes nouvelles et romans. Si vous avez des suggestion pour mettre à améliorer tout cela, me faire part de votre avis. N'hésitez pas à me faire part de votre avis en me laissant un commentaire.


Chapitre I Libre penseur

Publié par sanctuaryofajran sur 6 Mars 2011, 14:30pm

Catégories : #les dieux dechus

Chapitre I

 

Libre penseur 

A lire ou a écouter

Ecouter la version audiofic [Lien externe]

 

 

 

Alors que son carrosse entrait dans la capitale, Dame Yelan s’interrogeait toujours sur la raison de se déplacement. La veille à la même heure, elle se trouvait dans son bureau vaquant aux affaires courantes de son domaine, lorsqu’un messager porteur d’une missive frappée du sceau royal vint rompre la monotonie de son quotidien. Ayant un rang mineur au sein de la noblesse, elle fut donc relativement étonnée en découvrant l’identité de l’expéditeur. Quand, elle prit connaissance du contenu du message, l’étonnement des premiers instants se mua en un légitime effarement qui la laissa interdite durant une bonne minute. On l’enjoignait à se rendre au palais avec toute sa famille dans les plus brefs délais sans autre explication justifiants cette étrange convocation. Sur le coup l’incompréhension fut totale. Il n’y avait strictement aucune raison pour que l’autorité royale sollicite sa présence. Son pouvoir et son influence se limitaient aux frontières de son domaine qui par ailleurs était si petit qu’il ne figurait même pas sur la carte du royaume.

Relevant la tête, son regard croisa celui de son fils ainé et constata que ce mystère l’intriquait tout autant qu’elle. Ses quatre filles se trouvant dans un autre cabriolet, son second fils préférant voyager à cheval à la tête de leur petit convoi, ne manquaient à l’appel que le plus jeune et le plus indiscipliné de ses enfants, Shaolan. Elle avait laissé un message à son intention avant de partir dans l’espoir qu’il rentrerait à temps pour pouvoir les rattraper. Pourtant rien de moins sur quand on connaissant un peu l’animal. Toujours par monts et par vaux, il lui arrivait de disparaitre pendant des semaines sans donner signe de vie. Sans doute avait-elle manqué d’autorité avec lui. À ça décharge cependant, force était de reconnaitre qu’en tant que cadet d’une famille de petite noblesse aussi nombreuse que la sienne, le garçon était bien mal loti. L’ainé hériterait du titre et du domaine, son second fils l’assisterait, elle ne s’en faisait pas davantage pour ses filles, leur mariage étant déjà arrangé. Malheureusement, dans le tableau son benjamin faisait figure de laisse pour compte. Pour l’instant, il semblait se satisfaire de cette vie vagabondage, profitant de la vie au jour le jour, mais quand serait-il de son avenir. Chassant ces préoccupations de son esprit, elle se força à revenir à des problèmes plus immédiats.

— Tu as une idée des raisons de notre convocation au palais, demanda-t-elle à son fils

—Je pourrais sans doute avancer une théorie à peu près crédible, mais ce ne serait qu’une pure spéculation.

Yelan acquiesça en gardant le silence. Esquissant un geste de la main pour l’enjoindre à continué.

— Tout d’abord, je pense que nous ne sommes certainement pas les seuls à avoir été sommé de nous rendre au palais. Je ne vois pas ce que le roi pourrait nous vouloir. Nous ne pouvons rien lui apporter. Et même si telle était le cas, il nous aurait directement fait connaitre sa volonté.

— Tu penses que le roi désire rassembler toute la noblesse afin de faire une annonce importante.

— C’est la meilleure explication que j’ai pu trouver.

L’air, dubitative, elle réfléchit un instant, avant de secouer négativement la tête.

— Il y a quand quelque chose qui ne colle pas, Kira. Qu’en raison d’une situation de crise, l’autorité royale requiert notre présence, moi en tant que régente, et toi en tant qu’héritier, est une chose. Exiger s’elle de la famille au grand complet en n’est une autre.

Kira acquiesça d’un signe de tête approbateur.

— C’est là ou je bloque, reconnut-il avec une frustration évidente. Même si un événement extrêmement grave s’est produit, seuls les seigneurs seront potentiellement utile. Quel intérêt, de leurs demander de venir avec leur marmaille ? Du reste, je ne vois pas en quoi il pourrait être d’une quelconque utilité.

— Je suppose que nous serons fixés dès notre arrivée.

Le jeune homme poussa un soupir résigné.

— La seule chose dont ont puissent-être certain c’est la gravité de la situation.

Sa mère ne dit rien, mais approuva en silence. Tout cela n’annonçait vraiment rien de bon. Ils gardèrent le silence jusqu'à leurs arrivées. Toute résignée, fut-elle, Yelan n’en trépignait pas moins d’impatiente d’enfin découvrir le fin mot de ce mystère. Les dernières minutes de leur voyage durent être parmi les plus longues de toute son existence à croire.

Lorsqu’ils atteignirent  leur destination, une partie des spéculations de Kira se vérifièrent. Toute la noblesse semblait s’être donné rendez-vous au palais. Cet éclaircissement n’apaisa ni la mère ni son héritier. Bien au contraire, cette nouvelle information ne faisait qu’amener de nouvelle question. À leur instar, les autres nobles avaient amené leur famille. Ce qui semblait pour le moins aberrant. Qu'est-ce qui pouvait justifier pareil charivari. Même face à une situation de crise – surtout face à une situation de crise- rien ne justifiait le déplacement de toute la noblesse du royaume.

Des dizaines, voir des centaines de nobles patientaient à l’extérieur en attendant d’être introduit et il devait y en avoir dix fois plus à l’intérieur. Et si toute l’aristocratie du royaume n’était pas présente, il ne faisait désormais plus de doutes que ce ne serait qu’une question de temps.

— Bon sang, je ne pensais pas qu’il y avait autant de noble dans tout l’empire, lança le second fils, Hikaru en descendant de son cheval.

— Attends d’être entré avant de t’extasier, la réprimanda une de ses sœurs d’un air faussement blasé qui ne dupait personne.

Yelan fronça les sourcils.

— Je n’aime vraiment pas ça.

— Je partage vos craintes, répondit Kira. Je crains  que quelque chose de grave se soit passé.

Yelan ne répondit rien, reportant son attention l’édifice devant lesquelles, elle allait devoir patienter un certain temps à en juger par la foule. Le palais de flyd ne mesurant que trente-deux mètres de longueur sur vingt-six mètres de largeur et ne couvrant avec ces jardins et ses bois qu’une superficie d’à peine sept hectares était la plus petite demeure royal des six royaumes qui composaient l’empire. Pourtant même en sachant cela, l’étrange style architectural  en imposait. Cela avait beau ne pas être la première fois son émerveillement ne diminuait pas.

Il leur fallut patienter une bonne vingtaine demi-heure pour être finalement introduit dans le grand hall ou un millier de nobles patientaient sous l’immense dôme de la gigantesque pièce. Les murs s’ancraient dans un sol de pierre ou à intervalle régulier des torches projetaient une lueur blafarde en cette fin de journée. Un buffet avait été dressé pour faire patienter l’occasion. Nonobstant, c’était toute autre chose qui semblait captiver la si noble assistance.

Leurs curiosités piquées au vif les membres de la famille Li durent un peu jouer des coudes avant de découvrir ce qui captait ainsi l’attention de tout ce monde. Lorsqu’ils parvinrent à se frayer un chemin à travers la foule et qu’ils virent la raison de tout cet émoi, ils se figèrent.

Des tableaux étaient accrochés au mur, et pas n’importe quels tableaux. Leurs présences auraient constitué un spectacle étrange, mais du fait qu’ils se trouvaient dans le grand hall du palais royal, Yelan Li avait encore plus de mal à en croire ses yeux. Nullement, que les œuvres aient été médiocres, bien au contraire, chacune de ces toiles était magnifique comme touchées par une sorte de grâce. Pourtant, elle n’en était pas moins dérangeante, car loin de glorifier l’empire, elle présentait un de ces aspects les plus noirs.

Ici, on voyait un enfant pleurant sa mère assassinée par un templier, là un homme maigre et maladif mourant de faim. En les regardant, elle avait davantage l’impression d’être transportée dans les bas fonds. Et c’est ce qui les rendait si terribles. Les œuvres auraient pu être ignorées, si le peintre n’était pas parvenu à transposer si parfaitement les souffrances de ses modèles sur la table. Rendant l’empathie avec ces personnages presque inévitables.

Avant que Yelan ne s’en rende compte, des larmes coulèrent de ses yeux. Le plus terrible était l’impossibilité de nier la véracité des représentations. Ces œuvres n’avaient rien de fictif et prétendre le contraire aurait été pire qu’un blasphème presque une trahison.

— C’est beau, fit la voix tremblante d’émotion d’une de ces filles, mais pourquoi le roi a-t-il décoré son hall de tableau si triste.

En proie à l’émotion, il lui fallut un moment à Yelan pour lui répondre.

— Je crois que le roi a voulu nous rappeler ce qui pouvait arriver lorsqu’un seigneur négligeait son peuple.

Le visage de Kira détacha avec mauvaise grâce son regard des tableaux pour observer la réaction de la foule. Certain avait l’air indifférent, d’autre pour une raison inexplicable était en colère, mais pour la grande majorité, l’admiration ne cédait le pas qu’a l’affliction.

— C’est quand même une chose extraordinaire, que quelques tableaux réussissent là où la guerre, l’honneur et la religion ont lamentablement échoué.

— Que veux-tu dire ? lui demanda sa mère.

— Je pense qu’après ça, l’état d’esprit de pas mal de personnes ici va changer. Peut-être que certains nobles qui négligeaient leurs cerfs vont même revoir leurs politiques.

— Tu le crois, vraiment.

Reportant son attention sur un tableau, il répondit :

— il est difficile de rejeter la vérité quand on l’a vu de ses yeux.

— Quand même, le roi aurait pu mettre un ou deux tableaux à la gloire de l’empire, se plaignit l’une des filles.

— Ce n’est pas son genre, répondit Hikaru.

— Et depuis quand connais-tu le roi, se moqua sa sœur.

— Je ne parlais pas du roi, mais de Shaolan, idiote. Au cas où tu ne l’aurais pas compris, c’est lui qui a peint ces toiles.

Tous les membres de sa famille tournèrent vers le second fils des regards interloqués.

— Ne me dites pas que je suis le seul à l’avoir remarqué.

— Ne dis pas de bêtise, le réprimanda sa mère. Shaolan n’a pas put peintre ses tableaux.

Elle savait que son fils cadet peignait avec un certain talent, mais certainement pas avec une telle virtuosité. De plus, par quel caprice du destin ses tableaux auraient-ils pu finir ici.

— Vous avez raison ! fit-il avec une note de cynisme dans la voix. C’est certainement une coïncidence si le peindre a pris le même nom d’artiste que lui et qu’il a la même écriture.

Le cœur de Yelan manqua un battement. Se penchant, elle repéra la signature se trouvant dans le coin inférieur droit. « Estariol ». C’était effectivement sous ce nom que Shaolan signait ces toiles. La patte de mouche qu’était ce mot ne laissait guère de doute non plus sur l’identité du signataire.

Des milliers de questions se bousculèrent dans sa tête lorsque le héraut annonça le prince héritier Toya.

Tout le monde se tourna vers l’héritier royal. Si certains s’étaient attendus à une annonce quelconque, ils durent être dessus. Le prince traversa la foule et quitta la pièce, disparaissant dans le grand couloir menant à l’entrée. Il avait l’air si furieux que personne n’osa l’arrêter pour l’interroger.

Yelan sentit un frisson la parcourir. À sa connaissance une seule personne était capable de mettre quelqu’un si rapidement en colère. Elle pria tous les Dieux du panthéon, mais sa conception du monde avait été bouleversée par les derniers événements.

Au fond elle, il n’y avait aucun doute. Shaolan était arrivée

 

*

*                 *

A son corps défendant, le roi Fujitaka  devait bien reconnaitre, être en proie a une certaine excitation.  L’existence qu’il menait et qui lui permettait de temps en temps d’améliorer les choses dans un empire qui avait une fâcheuse tendance à stagner, lui plaisait. Pourtant, force lui était de reconnaitre  que la plupart du temps, il se bornait à assurer la pérennité de son royaume. C’était à la fois une source de profonde satisfaction et de frustration, pour ce roi, qui encore jeune était un réformateur dans l’âme. Ayant réalisé, peu de temps après son ascension au trône que même le pouvoir d’un roi avait ses limite, puisque brider par la politique et surtout par la philosophie rétrograde de l’empire. Le jeune souverain avait du se résigner à intriguer afin d’amener quelques changements positifs.

Bien que la sagesse des ans lui ai appris à se satisfaire de ses petite victoire, il connaissait des moments de lassitude due à une vie trop bien réglée. À tel point qu’il s’était réjoui lorsque quelques minutes plus tôt, un garde royal, complètement affolé avait débarqué sans se faire annoncer dans son bureau.

— Monseigneur, s’exclama-t-il le souffle coupé, de la panique au fond des yeux, il s’est produit un imprévus.

Davantage préoccupé par la préparation du discours qu’il allait devoir tenir devant toute la noblesse que par la panique qu’il percevait dans la voix du garde,  Fujitaka  posa sur lui un regard distrait.

— Qu’est-ce que vous dites un imprévus, et où ça ?

— À la porte principale du palais. Un inconnu s’est présenté. Comme, il était armé et voulait entrer, nous l’avons informé qu’il ne pouvait pénétrer dans le palais ainsi armé et prié de nous confier son épée…

— Ne me dites pas que vous osez déranger mon père, juste parce qu’un noble a refusé de vous remettre son arme, s’offusqua le prince Toya d’un air courroucé.

— Ce n’est pas ça ! Seulement, quand il a dégainé pour nous la remettre, nous l’avons reconnu... l’épée, je veux dire… Monseigneur, c’était l’épée royale.

Une lueur d’intérêt apparu soudain dans les yeux du père, alors que son fils s’était redressé avec une soudaine mauvaise humeur.

— Pour l’amour des dieux, comment ce traitre ose-t-il venir nous narguer jusque dans notre propre demeure. A-t-il dit quoi que ce soit pour justifier sa présence.

-Il a dit que l’affaire, nous dépassait et que nous devions informer le roi de sa présence.

Le visage déjà rouge de colère vira à l’écarlate.

— Sang et mort ! jura l’héritier du trône. Est-il toujours à l’entrée ?

— Non, nous avons jugé préférable de le faire entrer sous bonne garde afin d’éviter un éventuel esclandre. Il attend dans le couloir des sceaux. Nous avons pensé qu’il valait mieux vous en informer d’abord.

— Vous avez fait exactement ce qu’il fallait, fit-il une lueur meurtrière dans les yeux. Allez me chercher une dizaine de gardes, et je vous accompagne. J’ai un vieux compte à régler avec ce sinistre individu.

Le garde hésita comme s’il se demandait s’il s’agissait d’un ordre véritable ou d’un simple mouvement d’humeur.

— Mais monseigneur…

Toya, ouvrit la bouche, prêt à balayer toutes objections du garde, lorsque la main ferme de son père s’abattit sur son épaule.

— En voila une bien étrange façon d’accueillir un invité, mon fils.

— Invité ? s’était alors insurgé l’héritier. Ce traitre m’a crevé un œil, je te rappelle.

— Il s’agit d’un passage humiliant de l’histoire de notre famille et je le regrette profondément. Bien sûr, je ferais ce qui est nécessaire. Cependant, n’oublie pas que tu es toi-même, partie prenante dans cette querelle. Ton comportement de l’époque était très loin d’être irréprochable.

— Je ne faisais que mon devoir et s’il y a eu quelques abus de ma part cela ne méritait en aucun cas la perte d’un œil.

Le regard du roi devint froid. Il fixa un instant son héritier pour lui rappeler qui détenait l’autorité dans cette pièce.

— Réfléchis un peu à ce que ce garde t’a dit ! Il est dans le couloir des sceaux. Le passage est étroit et annule donc l’effet du nombre. S’il est la moitié du bretteur que tu m’as décrit, de belles effusions de sang sont à prévoir avant qu’il ne soit maitrisé. La situation est déjà suffisamment sérieuse pour que je doive en plus justifier un meurtre dans nos murs.

Toya avait acquiescé livide.

Tout cela en vérité, se révélait passionnant au regard du roi. Le comportement de ce jeune rebelle était en vérité une énigme dans un monde par trop prévisible. Que venait-il faire ici ? Régler ces comptes avec Toya? Non, se serait du suicide. Du peu qu’il savait sur lui, Estariol était tout sauf un imbécile. Une éventualité vint à l’esprit du souverain mettant en évidence une possibilité aussi terrifiante que dérangeante. Il se pouvait que sa visite le jour même où toute l’aristocratie était réunie au palais ne doive rien au hasard. Après tout, a bien y réfléchir le contraire aurait été étonnant. C’était une occasion unique et qui ne se représenterait sans doute jamais de faire entendre sa voix. Tout cela était cohérent, sauf pour une chose. Si telle était bien son but, n’aurait-il pas agi plus furtivement ? En se présentant comme il l’avait fait à la porte du palais, ils leur offraient la possibilité de le stopper sans heurt. À moins que… que… que… Une autre idée germa dans l’esprit de Fujitaka  et si….

*

*      *

Combattre ou prendre ses jambes à son cou. Cette courte phrase résumait parfaitement la situation de Shaolan, ainsi que sa manière de la gérer. En tant que vagabond de vocation, ses errances lui avaient appris à vivre au jour le jour. Et jusqu’ici, cette règle de vie lui avait plutôt bien réussis.  Jamais, de toute son existence, il n’avait  regretté quoique ce fût.  Et même, cet instant où sa tête était sur le billot ne faisait pas exception.

Il devait pourtant bien admettre qu’il avait connu un moment de pure panique au moment ou il avait pris connaissance du mot laissé par sa mère. En trois inspirations, le jeune homme était parvenu à calmer son pouls. Retrouvant suffisamment de calme pour trancher le dilemme qui venait de s’imposer à lui. Contrer l’adversaire ou prendre la fuite. Son instinct lui commandait de fuir, mais sa raison lui rappela qu’à terme, cela ne changerait rien. Un court sursis gagner tout au plus. Et de toute façon, fuir, pour aller ou ?

Et puis outre, ses faibles chances d’échapper à la vindicte royale, il était impossible pour Shaolan d’abandonner sa famille après les avoir mis dans tel pétrin. Sa mère et le reste de sa famille étaient parties très tôt le matin même. Sauf accident, il était déraisonnable d’espérer les rattraper avant qu’ils n’atteignent la capitale. L’aurait-il put, il se demandait bien ce qui leurs aurait bien ce qu’il aurait pu leurs dire.

C’était sans doute une des situations les plus terribles qu’il n’ait jamais vécu, le jeune homme. Faute d’alternative plus attrayante, il avait donc tenté le tout pour le tout. Au fond, la situation était peut-être encore gérable, tout dépendait de ce qu’il savait. Si les griefs du souverain se limitaient à l’œil crevé de son rejeton, il y avait encore de l’espoir. Après tout, il s’agissait d’une affaire d’honneur entre gentils hommes et en tant qu’offensé, il avait eu de sérieuses de bonne raison d’exiger réparation. Le roi étant pourvu d’après la rumeur publique d’attribut qui faisait cruellement défaut à sa progéniture – à savoir un cerveau et du bon sens — il avait bon espoir de s’en sortir à bon compte. Restait à espérer qu’il n’en sache pas davantage. Parce que s’il avait eu connaissance du reste toute clémence était hors de portée. À son arrivé, il avait repris espoir, pour une mystérieuse raison toute la noblesse, semblait s’être donné rendez-vous devant le palais. Il se prit à espérer se fondre dans la foule. Ce n’était pas un fol espoir, tant qu’il ne tombait pas sur le prince. Malheureusement, une erreur d’une stupidité cosmique avait tout gâché. Les gardes, lui avaient demandés son épée, et lui comme un imbécile avait dégainé pour la leur remettre. L’arme pendait depuis trop longtemps à son flanc pour qu’il ne la considère pas comme sienne.

Passé du stress le plus extrême au soulagement l’avait rendu négligent au détail.  La craindre d’être identifié lui avait fait oublier que l’épée pouvait également être reconnue, surtout dans cet endroit.

Trois hommes apparurent au détour du couloir. Deux d’entre eux étaient des gardes, dont l’un, deux était celui que Shaolan avait vu à l’entrée, le troisième, un jeune homme d’une vingtaine d’années, assez grand, bourru comme quelque divinité païenne courroucée, avec des cheveux noirs coupé très court, et qui était richement vêtu, tout en lui en puait le conformiste. Le seul signe distinctif dans cette allure d’un style banal à pleurer presque militaire était une cicatrice barrant un œil droit crevée.

Mon œuvre, songea Shaolan avec une pointe d’amusement.

Avant d’être rappelé au palais l’année dernière par son père, l’héritier avait été un des membres les plus actifs de la sainte inquisition. Son travail consistant en une traque et une élimination systématique des pécheurs les plus irrécupérables. C’est dû moins ainsi que l’église du dieu de la justice justifiait les exactions commises au nom de leur idéologie religieuse. La vérité se cachant derrière ce brouillard de dévotion altruisme, c’était que les pillages enrichissaient grandement les finances du temple tout en consolidant par la terreur l’ascendance de la prêtraille sur les esprits simples.

Pour bien comprendre toute l’animosité de Toya à son égard,  il fallait savoir que celui-ci adorait cette vie de pillages, de viols et de meurtres. Ainsi que la satisfaction gratifiante de savoir qu’il agissait pour le bien commun et la plus grande gloire de dieu. Tout cela lui avait été impitoyablement enlevé lorsque sa route avait croisé la sienne.

L’année dernière, il avait surpris par hasard le prince dans ses œuvres. N’ayant guère apprécié le spectacle, il était intervenu, lui n’avait pas apprécié qu’il interfère, et donc très vite de fils en aiguilles… bref, un œil en moins. Les choses auraient pu en rester là, mais comme il était passablement remonté à ce moment-là, le jeune homme s’était enfermé et avait peint durant plusieurs jours la scène qu’il avait interrompue.

S’interdisant toute réflexion, Shaolan avait fait parvenir au souverain la toile accompagnée d’une douzaine d’autre illustrant les aspects les plus abjects de la vie dans les bas fonds.

Étrangement, cela avait fait son petit effet à en juger par la vitesse à laquelle, l’héritier avait été rappelé au bercail.

Bref, sachant cela on pouvait comprendre que l’héritier revanchard n’était vraiment pas disposé à jouer à lui faire bon accueil.

— Rends-moi mon épée, lâcha-t-il d’un ton menaçant.

Shaolan adopta une attitude circonspecte.

— Je ne suis pas sur qu’il s’agisse encore de ton épée, vu le mauvais usage que tu en as fait à l’époque où tu la possédais.

Le prince lui adressa un regard furieux.

— Ce n’est pas à toi t’en décider, mais à mon père qui me l’a confié.

— Bien sûr, c’est son travail, fit-il en décidant de ne pas faire dans la dentelle. Mais t’en juge-t-il toujours digne, après toutes ses frasques de jeunesse.

— Ce que j’ai fait, c’était pour le salut du plus grand nombre. Il est regrettable que tu sois trop corrompu ou trop stupide pour t’en rendre compte.

Shaolan poussa un soupir, las d’entendre ses grandes phrases toutes faites débitées par les fanatiques comme s’il s’agissait de vérité absolue.

— Seigneur, je déteste les humains.

— Tu me l’as rends maintenant ou je la reprends de force.

— Tu tiens, vraiment à ce que je finisse ce que j’ai commencé avec ton œil. Je remettrais cette arme au roi. Maintenant, si après, il décide de te la remettre malgré tes défaillances, c’est lui que ça regarde.

Le jeune prince le défia du regard, puis fit volte-face.

— Suis-moi, le roi veut te voir.

Shaolan lui emboita le pas.

Arrivés au bout du couloir, ils traversèrent le hall sous le regard intrigué des courtisans. Shaolan pria pour qu’aucun membre de sa famille ne se manifeste. S’il ignorait encore qui il était, autant ne rien changer. À un moment, il crut voir l’un de ses frères, mais se força à regarder devant lui.

Une fois le hall traversé, ils longèrent le couloir sinueux jusqu'à une porte de chêne qui se distinguait par le sceau royal finement sculpté qui ornait son centre. D’un geste impérieux de la main le jeune prince congédia les deux gardes et entra sans se faire annoncé, Shaolan dans son sillage.

Le roi Fujitaka  était un homme d’une taille légèrement au dessus de la moyenne, ses yeux étaient animés d’une lueur enthousiasme qui surpris un peu Shaolan étant donné la situation. Il avait une épaisse tignasse châtain dont une mèche retombait sur son front.  Le souverain avait également la gestuelle d’un homme charismatique.

— Voici donc le légendaire Estariol, s’exclama le souverain en lui tentant main.

Shaolan fut si décontenancé par cet accueil chaleureux qu’il regarda un instant interdit la main du roi avant de la saisir.

 Décidément,  Fujitaka  était fidèle à sa réputation. À plusieurs reprises, il avait eu l’occasion d’entendre dire qu’il avait le don de n’être jamais là ou on l’attendait. Ça se confirmait, vu le passif qu’il entretenait avec sa progéniture, Shaolan se serait  attendu à plus d’animosité de sa part. En tout cas, son charisme était indéniable.

— Oui ! C’est moi. Vous avez cet honneur, plaisanta Shaolan pour se donner une contenance.

Si le souverain sembla apprécier cette attitude, ce fut loin d’être le cas de son fils. Et Shaolan dut tourner la tête pour ne pas éclater de rire en tant la grimace rageuse qui déforma son visage en un masque grotesque, était hilarante.

L’étroitesse d’esprit et la bigoterie du fils contrastaient de façon si flagrante avec l’attitude chaleureuse du père qu’on avait vraiment beaucoup de mal  a concevoir qu’il puissent être père et fils.

— Vous prévoyez un bal costumé, reprit-il en détaillant  la tenue aux couleurs criardes que portait le souverain.

— Pas vraiment. Mes habilleurs ont estimé que telle était la tenue appropriée pour une annonce publique. Qu’en pensez-vous ?

— C’est très… coloré, monseigneur.

Le visage du souverain s’éclaira d’un sourire bienveillant. Shaolan comprit que la diplomatie était un art dans lesquelles  Fujitaka  était passé maître depuis un moment. Cela le rendait, incomparablement plus dangereux que son rejeton.

-Les apparence sont primordiale. Vous autres dans le crime organisé, vous n’avez jamais compris cela, Estariol. Il s’interrompit comme s’il venait de se rendre compte de quelque chose, puis repris : Cela ne vous dérange pas que je vous appel Estariol.

— Bien sûr!

Puis je vous vous appeler  Fujitaka , se retint-il péniblement de demander.

— Pourriez-vous me rendre mon épée, Estariol.

Shaolan déposa l’arme sur le bureau. Trois joyaux sur les quatre ornant la garde de l’épée brillaient.

— Voila qui est plutôt impressionnant. 

— Je ne vais même pas faire semblant de comprendre, grommela Toya.

Ignorant ce que signifiait ce phénomène, mais pas du tout, disposé à l’avouer, il fit taire sa curiosité.

L’expression du roi devint soudain plus sérieuse.

— Bien ! Passons aux choses sérieuses.

— Comme vous voulez, Votre Majesté. J’espère tout de même que vous ne comptiez pas me faire exécuter à cause du regrettable accident du à l’imprudence de votre fils.

 — Accident du à l’imprudence? cingla l’héritier. Tu réalise que j’ai faillis mourir.  Je suis resté prés d’une demi-heure à me vider de mon sang sur le pavé avant que mes frères de l’inquisition me retrouvent.

— De toute façon, c’est de ta faute,  si tu ne t’étais pas montré si impertinent. Je ne supporte pas que les grosses brutes se comportent de manière familière avec moi. Et tout particulièrement, lorsque ces brutes sont  également des imbéciles prétentieux.  Et puis vu la fréquentation de l’endroit, si tu es resté une demi-heure sans aide, pas mal de gens on dû d’ignorer. Je me demande s’il n’y a pas une leçon à en tirer.

— Il parait que personne ne le cherchait, vraiment, souffla le roi à Shaolan.

Ce dernier admira une fois de plus l’étonnante habilité de Fujitaka  Kimono désamorcé par l’humour une situation susceptible de mal tourner

— Ne vous en faites pas pour l’exécution, reprit le roi après un instant. Pour l’instant la potence ne sera pas construite avant plusieurs jours.

Un silence de mort tomba. Et si Shaolan était parvenu à n’afficher aucune émotion, la tension qui venait de s’abattre sur la pièce n’en était pas moins pesante. Le visage du monarque s’éclaira.

— C’était une plaisanterie. Nous savons très bien que si je faisais ça, la rivière rendrait ma vie misérable…

Le visage de « Toya » passa de la colère à la fureur de quelques déments fanatique, mais un simple regard chargé d’autorité l’empêcha le fils d’aller plus loin.

— Heureusement, pour nous deux, ce ne sont que des spéculations, s’empressa-t-il d’ajouter plus pour calmer son rejeton qu’autre chose.

Shaolan se contenta de hausser les épaules. Parfois ne rien dire était la meilleure option.  De toute façon, niez, risquait d’être interprété comme une attitude défensive et ne ferais que renforcer leurs soupçons. La rivière était sans doute la plus grande organisation criminelle du pays. Il n’y avait en vérité rien de surprenant qu’un homme de cette intelligence subodore qu’il en fasse partie dans la mesure qu’une des cibles privilégiées de la rivière était l’inquisition. Comprenant qu’il se trouvait pour la première fois de sa vie, face à un homme dont l’intellect rivalisait avec le sien, Shaolan prit son parti de faire très attention à la moindre de ses paroles à partir de maintenant.

— Et bien, Estariol, je suppose que vous vous demandez pourquoi, j’ai rassemblé toute la noblesse.

— J’avoue que cette idée m’a effleurée.

— Ce dont je vais vous parler est susceptible de créer un effet de panique si la rumeur venait à être connue hors de ces murs prématurément.

Ces paroles perturbèrent le jeune homme. Beaucoup trop d’inconnus et d’événement exceptionnel s’étaient produits en une seule journée. La mystérieuse convocation de toute la noblesse, les soupçons du roi, et maintenant, il lui annonçait qu’il avait l’intention de lui révéler des informations potentiellement dangereuse. Cette chaine d’incohérence le faisait saturer. 

Le regard du jeune homme s’emplit soudain de suspicion.

— Si vous me suspectez d’appartenir à la rivière, peut-être devriez-vous y réfléchir avant de me les révéler. Pour être tout à fait franc même si vous ne m’aviez fait part de vos soupçons, j’aurais trouvé, bizarre, voire même suspect, le simple fait que vous l’évoquiez devant moi.

— Vous êtes donc en train de me dire que j’essaye de vous manipuler ou que je suis un imbécile.

Shaolan craignit un instant d’être allé trop loin.

— Je n’avais pas l’intention de vous insulter, mais à priori, il n’y a aucune raison pour que vous…

Le monarque un fin sourire aux lèvres leva une main pour lui intimer le silence.

— Ne vous en faites pas. Je comprends que tous cela n’ai en apparence aucun sens. Seulement, même s’il est important que le peuple ignore cette information pour encore quelques jours, je m’apprête à la révéler à la noblesse. Et comme, j’ai la certitude que vous en fassiez partie, il n’y a donc pas de raison que je ne vous en parle pas.

— Vous spéculez encore, majesté.

— Bien plus que ça. Ce serait une coïncidence extraordinaire que vous nous rendiez visite, le jour où je convoque la noblesse.

— Peut-être étais, je simplement curieux.

 — Qu’importe! Le souci voyez-vous c’est que tous les membres de la noblesse doivent impérativement être présent pour être informé et se soumettre à une présentation. Si vous êtes un noble de Flyd, vous devez vous y soumettre. Je comprends que cela puisse vous placer dans une situation délicate vis-à-vis de votre anonymat. Je vous propose donc de faire ça en privé.

— Me soumettre à cette présentation ne veut pas nécessairement dire que je fais partie de la noblesse.

— En effet.

— Alors, je suis d’accord.

Le souverain frappa dans ses mains et un homme apparu par une porte dérobée. L’individu était grand et mince avec de longs cheveux blancs cascadant sur ses épaules. Durant un bref instant, Shaolan douta qu’il s’agisse d’un homme tant sa démarche était légère et gracieuse. De plus, une capuche masquait une partie de son visage. Shaolan n’eut qu’un bref instant pour examiner les traits fins et ce fut trop peu pour qu’il puisse déterminer le sexe de leur détenteur, car lorsqu’il fut à sa hauteur, il s’agenouilla face contre terre.

— Monseigneur, par l’autorité qui m’a été confiée par la déesse de la destinée je vous accorde le droit de régner.

 

*

*               *

 


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