Chapitre XIV

Vingt-trois heures douze

Peu après que le générique de fin du film est commencé, Shaolan dit :
« Heu… Sakuira le film est terminé, tu peux me lâcher, s’il te plait.
Effectivement, avec son bras passé nonchalamment autour des épaules du garçon,  la jeune fille le maintenait prisonnier tout contre elle, le pauvre geek impuissant avec une poigne de fer.
Cette dernière fit la moue.
« Pourquoi, tu n’es pas bien là ? lui susurra-t-elle à l’oreille d’une voix enjôleuse
Comme pour donner plus de poids à ses affirmations l’adolescente lui enfonça la tête entre ses seins. Shaolan se dit que s’il existait un dieu, il devait bien se marrer à ses dépens. L’ironie de la situation était magistrale. Il était dans une situation qui aurait comblé tous les fantasmes d’un homme normal –et une bonne partie des siens- mais pour des raisons à la fois sentimental et moral, il n’arrivait pas à se laisser aller. C’était un comble, car pour si qui était de ses rapports avec le beau sexe, il ne s’était jamais laissé entraver par des futilités  telles que le moral et les sentiments.
Ce n’était d’ailleurs pas tant le fait du jeune âge de la demoiselle qui posait problème que leur passé commun. Malgré, l’attitude et les manières de l’adolescente qui ne laissaient guère planer le doute sur ses intentions à son endroit, il avait encore du mal à la considéré autrement que la petite fille qu’il gardait. Non que l’éventualité de pratiquer le coïte avec la belle fut une éventualité qui le répugnait loin… très loin de là. Sakura lui plaisait beaucoup et il commençait même à se dire que cette attirance n’était pas uniquement due à son physique de top model. Paradoxalement, c’était la raison principale qui le poussait à temporiser, car si son expérience en matière de relation purement sexuelle, il n’en avait aucune en ce qui concernait les relations sentimentales.
Jusqu’ici, l’éventualité d’entretenir de telle relation avec une femme ne l’avait jamais tenté et lui inspirait même de la répulsion. Les femmes et les hommes  ne voyaient pas le monde de la même façon et la cohabitation lui avait toujours semblé tellement prise de tête qu’il avait toujours mis un point d’honneur à ce que ses relations n’excèdent pas le moins. Mais s’il décidait de sauter le pas, cela ne pouvait être qu’avec elle voilà pourquoi, il ne voulait pas aller trop vite. C’était un comportement logique et censé. L’inconvénient c’était que Sakura ne voyait pas les choses du tout comme ça. Combien de temps tiendrait-il à ce rythme ? Pas longtemps c’était à craindre. Sakura était une vilaine, vilaine tentatrice.
Comment la petite fille innocente qu’il gardait encore trois ans plus tôt avait-elle pu devenir si aguichante avec les hommes? La réponse était évidente. Tomoyo. Sakura s’était amouraché de lui très jeune et pour perverse qu’elle soit, Tomoyo adulait sa cousine et aurait été prête à faire n’importe quoi pour elle. Non, qu’elle se serait abstenue, sinon. Elle avait dû trouver fort amusante la perspective de former Sakura, d’inventer des plans à la mort-moi le nœud pour qu’au final il craque. Le fait qu’elle ait jeté ses dévolus sur ce donneur de leçon d’Eriol était sans doute un petit acte de rédemption pour la torture que cela être de résister à l’assaut de Sakura. Tout de même, il plaignait le pauvre anglais, car avec la cousine de Sakura on ne pouvait être sûr que d’une chose : plus on était coincé, plus les leçons qu’elle vous infligeait étaient sévères.
Sakura relâcha un peu la pression ce qui permit au chinois de prendre ses distances avec la poitrine qui l’empêchait de respirer.
« C’est une soirée film et jeux vidéo, je te rappelle.
« Et alors ? fit-elle en lui déposant un bisou dans le cou.
Shaolan réprima un frisson de justesse. Mais à en juger par le gloussement de contentement qu’il perçut et le sourire de contentement qu’il surprit sur le visage de la jeune fille celle-ci n’était pas dupe.
« Alors, il est temps de passer à la seconde étape de notre rendez-vous.
« Tu es sûr que ton égo le supportera.
Le geek fronça les sourcils et lui jeta un regard chargé d’une suspicion non- dissimulé.
« Que veux-tu dire ? demanda-t-il craignant un énième coup fourré.
« Et bien, cette soirée nous à confirmer que j’étais plus forte que toi et que j’embrassais mieux que toi, alors si je venais en plus à te battre aux jeux vidéo, je me disais que cela serait un peu beaucoup pour une seule soirée
Shaolan feignis la mauvaise humeur.
« Je suis juste galant et je ne veux pas de faire de mal, lança-t-il parfaitement conscient de son hypocrisie. Et pour ce qui a des baisers, cela n’engage que toi.
« Ho, tu crois ça, toi ? souffla-t-elle en approchant son visage si près que leurs lèvres n’étaient plus séparées que par le plus petit écart possible. Est-ce que tu veux vérifier ?
Le chinois se maudit de sa propre stupidité. Quand apprendrait-il donc à ne pas répondre aux provocations et défis de toute sorte? Comment allait-il se sortir de ce guêpier ?

 « Tu veux jouer au catch ? proposa-t-il feignant de ne pas saisir ce que lui suggérait la jeune fille par son attitude provocante.
« Ce n’est pas vraiment ce que j’avais en tête.
Shaolan dut se retenir de ne pas éclater de rire. Si on lui avait dit qu’un jour, il intriguerait pour ne pas embrasser une jolie fille. Mais mieux valait ne pas aller trop vite, s’il voulait poser les bases d’une relation qui durera plus d’un mois… n’est-ce pas ? Or dans l’état où il se trouvait, un autre baiser de la belle Japonaise pourrait avoir raison de toutes ses belles résolutions. Un match de catch semblait infiniment moins dangereux quoique… La perspective du corps de la jeune fille dans quelques positions coïtale n’était pas sans danger.
La voyant hésiter, il décida de la provoquer afin qu’elles prennent la décision qui lui convenait.
« Tu as peur ? Il ne faut pas ! Si tu reconnais tout de suite que le je suis plus balaise que toi on peut en rester là.
L’adolescente se renfrogna.
« Ça ne risque pas ?
Bingo ! Bénis soient les provocateurs, car le monde leur appartient.
Cependant, ce bref moment de triomphe ne dura pas, car un sourire apparut sur les lèvres du garçon.
« Et si on intéressait la partie pour mettre un peu de piquant.
Shaolan leva les yeux au ciel d’exaspération.
Et voilà que c’est reparti ?
« Heu… Je ne préfère pas.
Devant l’embarras manifeste du garçon, Sakura exulta et comme elle l’avait déjà fait lui renvoya les paroles qu’il venait de prononcer :
« Pourquoi ? Tu as peur ? Il ne faut pas ! Si tu reconnais tout de suite que le je suis plus balaise que toi on peut en rester là.
Shaolan grimaça. Bon sang, il avait horreur d’être obligé de gouter  à sa propre vanne.
« C’est quoi le pari ? ronchonna-t-il.
« Si tu gagnes, je promets d’être moins provocante pour notre prochain rendez-vous.

Shaolan fronça les sourcils. Ce rendez-vous avait été sympa, mais il avait dû se battre contre lui-même et ses instincts tout le rendez-vous. Cela rendait l’éventualité d’un second rendez-vous un peu moins sous haute tension sexuelle assez tentant. Cela leur permettrait de refaire connaissance. Le Geek avait un gros doute cependant sur la capacité de Sakura à se comporter en gentille fille. Mais d’un autre côté qu’avait-il à craindre.
« Et si je perds ?
« Ha, tu vois !  Je le savais, tu envisages la défaite. Lança-t-elle triomphante en pointant un doigt accusateur dans sa direction.
« Ne rêve pas. C’est juste que je t’ai tellement laissé gagner quand tu étais petite que j’ai peur que les veilles habitude ressurgissent sans que je m’en rende compte.
« Mais oui… mais oui…
« Si je perds… insista le geek que les désirs de la jeune fille inquiétaient.
Sakura fit mine de réfléchir un instant puis une lueur de convoitise passa dans son regard. Shaolan pensa que cela n’annonçait rien de bon pour lui.
« Si tu perds, tu finiras notre rendez-vous à poil.
« Hé !
« Ne me dis pas que tu as peur de perdre contre une faible femme, murmura la jeune fille anticipant une éventuelle protestation du geek.
« Je veux garder mon slip.
« D’accord.